La dérive des continents (deuxième partie)

Au mauvais endroit, au mauvais moment.

Je devais y être quelques jours.

Le temps de faire des ateliers, bosser sur un contrat. Je devais y rester quelques nuits , chez des amiset ensuite retourner chez moi. La veille, ma charmante copine Na est même venue passer la journée avec moi. On se revoit lundi, quand tu aurais fini et tu reviens à la maison.

C’était sans compter sur cette surprise qui en est jamais une et qui arrive trop souvent en Chine des temps-ci. Quelques cas de COVID, trois on m’a dit, et on met en confinement des milliers de personnes. Et je fus pris dans les filets. Moi, mes amis et tout les habitants de ce qu’on appelle presque militairement le « compound » sont mis immédiatement en « lock-down ». Comme des soldats lors d’une attaque nucléaire. Plus le droit de sortir. Plus le droit de vivre normalement. On installe la peur.  On érige à la hate des murs de tôles pour bien emprisonner le virus ou les gens, à vous de decider. On reçoit l’ordre de rester à la maison et ce pour 14 jours. En Chine on grogne, mais pas trop. L’ordre est établi et on ne conteste pas la vérité aussi farfelue qu’elle puisse être. Triste pour ce magnifique pays qui mérite beaucoup mieux.

 

Si on me demande un jour, je dirais que oui, j’ai déjà fait de la prison. En Chine. Ça paraît bien dans le C.V.

Mais je laisse la politique à d’autre. C’est source de conflits et de malheurs.

Le temps s’écoule lentement. Je commence à y être habitué. Il y a une discipline qui s’impose d’elle-même. Réveil, déjeuner, test et ensuite, j’essaye de meubler mes journées avec de la lecture et de l’étude. Je n’aime pas trop perdre de temps à ne rien faire ou à me morfondre. Il y a tant encore à apprendre et à lire.

Quand je reste dans le même endroit pendant plusieurs jours, la lumière, les ombres, les détails m’apparaissent. Et je dois sentir le déclic de ma caméra. Pour cet essai photographique, ma fidèle Canon 5DM3, une 50mm 1.4, noir et blanc.